Vidéo en trompe l’œil
Comme chaque mois, nous publions la tribune libre du
groupe socialiste municipal disponible dans la revue "Champigny notre Ville".
Ce mois-ci, Jean-Pierre RIVALLAIN souhaitait apporter des précisions et des éléments d'analyse aux Campinois en matière de sécurité locale.
N'hésitez pas à faire part de vos commentaires sur ce blog de notre section socialiste de Champigny-sur-Marne ou au moyen de l'envoi de mail à notre
attention : philippe.frank@gmail.com
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Le marché de la vidéosurveillance est en pleine croissance. En présentant ses vœux en 2008, la Ministre de l’Intérieur de l’époque déclarait prévoir le triplement du nombre de caméras sur la voie publique d'ici la fin 2009. Au même moment, on annonçait la suppression de 4 800 emplois dans la Police nationale d’ici 2011. Il faut reconnaître à ces déclarations le mérite d’une grande persévérance : remplacer les personnels de police par des caméras !
Compte tenu du coût considérable de la vidéosurveillance, interrogeons-nous sur la pertinence d’un tel dispositif à Champigny.
Dans le "rapport d’information sur la vidéosurveillance" présenté fin 2008 par des Sénateurs, nous découvrons que la France n’a pas encore produit d’évaluations solides sur le sujet. Et pourtant, pompeusement re-nommée "vidéo-protection", celle-ci demeure perçue par les décideurs comme un instrument efficace de prévention.
Pour obtenir des informations valables sur la vidéosurveillance, il faut nous tourner vers nos voisins britanniques. En octobre 2008, l’Institut d’Aménagement et
d’Urbanisme indique qu’il y a là-bas plus de caméras que n’importe quel autre pays d’Europe et que, malgré les millions de livres dépensés dans cette nouvelle technologie, il
n’y pas eu d’impact significatif sur la criminalité en Angleterre. Un inspecteur en chef de la police déclare même lors de la "Conférence mondiale sur la Sécurité", à Londres, en
2008 : « Des millions de livres ont été dépensés sans penser à la façon dont Police et Justice allaient utiliser ces images. C’est un fiasco total. Seuls 3% des crimes ont été résolus
grâce à la vidéo. Il n’existe pas de peur de la vidéosurveillance. »
En résumé, contrairement aux idées reçues, la vidéosurveillance sur l’espace public n’a pas l’efficacité qu’on lui prête. Elle ne remplace pas les effectifs de police, les images nécessitant l’analyse de personnels de police supplémentaires, spécialement formés pour alerter à bon escient leurs collègues présents sur le terrain.
A Champigny, le choix a été fait de privilégier une politique de prévention s’appuyant sur un travail partenarial entre les forces de police, les services municipaux, les bailleurs et les associations. Elus et habitants, continuons de nous mobiliser et d’exiger de l’Etat le renforcement des effectifs de police, condition indispensable pour prévenir et réduire les actes de délinquance.
Jean-Pierre RIVALLAIN
Maire-adjoint