Liquidation de la CAMIF, que fait-on pour les 780 licenciés ?
Aujourd'hui, 780
salariés ont brutalement compris par leur licenciement que leur longue histoire professionnelle avec la CAMIF avait définitivement pris fin. Ils pensaient travailler "dans une grande famille"
protégée par une gestion "de bon père de famille". Il n'en était malheureusement rien tant des centaines de familles paient aujourd'hui des choix stratégiques douteux imputables à l'équipe
dirigeante de CAMIF PARTICULIERS. Quelle réponse publique va désormais être apportée à ces centaines de familles qui doivent continuer à payer leurs emprunts et leurs factures mensuelles ? Le
bassin d'emplois de Niort est-il capable de digérer l'arrivée massive et soudaine de 780 nouveaux inscrits sur le marché du travail ? Le Président de la République soucieux de la santé des
banques va-t-il encore promettre monts et merveilles aux licenciés de CAMIF PARTICULIERS comme il avait promis des emplois aux jeunes des banlieues et aux ouvriers de Gandrange ? La faillite de
la CAMIF sonne encore comme un coup dur porté à l'esprit "sociétaire" et solidaire du monde enseignant.
Philippe FRANK
Le groupe de vente par correspondance Camif, fondé en 1947, a été placé lundi en liquidation judiciaire entraînant la suppression de 780 emplois et la disparition de son célèbre catalogue
connu notamment de tous les enseignants.
Camif Particuliers, filiale du groupe Camif, numéro trois français de la vente à distance employant au total 1.400 salariés, a été placée lundi en liquidation judiciaire par le tribunal de
commerce de Niort.
Camif SA (200 salariés), la maison mère de Camif Particuliers dont elle détient 34%, a été placée pour sa part en redressement judiciaire avec une période d'observation de six mois.
Ces deux entités de la Camif, fondée en 1947 à Niort à l'initiative de la Mutuelle des instituteurs Maif pour permettre aux enseignants de s'équiper après la guerre, s'étaient déclarées jeudi en cessation de paiement en raison de "tensions de trésorerie" conjuguées avec les effets de la crise économique.
"Camif Particuliers accuse un passif de près de 105 millions d'euros, perd chaque jour 120.000 euros et doit près de 10 millions d'euros: dans ces conditions, et sans repreneur potentiel, la cour a prononcé la liquidation judiciaire", a expliqué le tribunal.
Sur les 780 postes supprimés, 568 le seront sur le site de Niort qui emploie au total près de 1.100 salariés de la Camif.
Les salariés devraient recevoir d'ici à deux semaines leur "lettre de fin d'emploi", et tous les sites, magasins et entrepôts en France vont être fermés et mis sous scellés dans les prochains jours, comme le site internet de l'entreprise, ont précisé des sources judiciaires et syndicales.
Mais d'ores et déjà, tout commerce est terminé avec Camif Particuliers, détenu à 66% depuis décembre 2007, par le fonds américain Osiris Partners/Varde, selon les mêmes sources.
Plusieurs centaines de salariés en colère se sont rassemblés lundi après-midi devant le tribunal de commerce pour entendre la décision des juges. Ils ont décidé de se retrouver mardi en assemblée générale pour voir quelles actions pourraient-être menées.
"C'est terrible. Nous sommes entre colère et abattement. En cinq minutes, 800 personnes sont à la rue. C'est un coup de massue", a déclaré à la presse Geneviève Paillaud, déléguée syndicale CGT.
"Nous serons nombreux sur le marché du travail d'une ville de 70.000 habitants", a-t-elle ajouté, très émue. "Notre marge de manoeuvre est étroite mais nous nous battrons. On se rendra à Paris", a lancé Jocelyne Beaussant, déléguée syndicale FO.
La liquidation judiciaire survient moins d'une semaine après l'annonce par La Redoute de son intention de supprimer 672 emplois d'ici à quatre ans, dans le cadre d'un "plan de relance" face au "déclin de la vente par correspondance traditionnelle".
Outre Camif Particuliers, Camif SA possède plusieurs autres filiales --Camif Collectivités, Camif Habitat, Romactis, Léon Fargues-- qui ne sont "pas concernées
par les procédures en cours", selon un communiqué de la société.
AFP du 27/10/08